La résistible ascension de la Chine – pt. 3 : un hégémon partiel pour un monde trop grand

Emmanuel Veron

« L’empire, longtemps divisé, doit s’unir ; longtemps uni, doit se diviser. Il en a toujours été ainsi » – Extrait des premières lignes du roman Les Trois Royaumes[1]

Après avoir étudié les spécificités du Parti Etat chinois, sa mutation et le déploiement de ses intérêts à l’international, il importe de savoir si cette cyberpuissance autoritaire et nationaliste[2] peut prétendre à l’hégémonie et si oui, dans quel domaine. L’Occident, mais pas seulement, l’ensemble des acteurs étatiques et non-étatiques du système international ont engagé une réflexion sur les prochaines manœuvres stratégiques du Parti-Etat. Cet article propose d’aborder quelques paramètres essentiels de l’hégémon Chinois, c’est-à-dire l’expression de la domination et de ses velléités de domination sur les autres entités au sens de Gramsci[3].

L’Empire est la configuration politique que s’est choisie la Chine sur la longue durée. Elle reposait sur le principe d’une délégation tributaire et dans les faits, une centralisation bureaucratique plus lâche qu’on ne le croit. Trois traditions ont nourri ses modes de gouvernance : taoïsme, légisme et confucianisme[4]. Avec parfois des influences étrangères, bouddhistes essentiellement, empruntées pour la dernière dynastie sino-mandchoue – celle des Qing (1644-1911) – aux mondes à la fois mongol et tibétain. On ne régit ni par la Loi ni par le Verbe mais dans le respect des congruences (harmonie des contraires, alternance entre coercivité et relâchement…), de l’étiquette (promotions – la voie des concours – ou révocabilité des statuts…) et enfin, par le recours à l’écrit. Jusqu’au début du XX° siècle, la pénurie de fonctionnaires (4000 pour tout l’Empire) rend la pratique de l’écrit et de l’archivistique indispensables. Son usage est dual : tenir en respect le plus grand nombre – dans sa version exotérique (weibu) – et transmettre tout ce qui relève du savoir – dans sa version ésotérique (neibu) – auprès des seuls sachants. Dans son rapport à la chose écrite, la Chine communiste reste la digne héritière de ces pratiques ancestrales.

République des lettres pour les uns, oligarchie pour les autres : dans les faits, cette culture de l’entre-soi voue un culte à l’excellence et en reproduira les codes dans les moindres arcanes de la société, depuis la dynastie Song (X° siècle) jusqu’au début du XX° siècle, soit durant plus de mille ans. L’emprise sinon l’hégémonie de cette culture est considérable. Toute la périphérie s’en inspire. On parle du « monde chinois »[5] ou de l’Asie sinisée pour distinguer cette vaste région du monde où lettrés japonais, coréens et vietnamiens partagent avec leurs pairs chinois les mêmes sinogrammes, porteurs de sens que tous sont en mesure de comprendre. L’homme de culture (wenren) appartient à ce monde. Toute extériorité est reléguée dans la catégorie de l’étrange, du barbare, du non-lieu. Au reste, la définition d’un Empire, au contraire de l’Etat-Nation, est de ne pas avoir de frontière clairement délimitée. L’élasticité de ses capacités d’intervention se fait au gré des circonstances. D’une manière significative, il faudra attendre l’extrême fin du XIX °siècle pour que la Cour impériale se dote d’une institution qui tient lieu de Ministère des Affaires étrangères.

L’obsession russe

Et pour cause : ce n’est qu’à cette époque que ce monde étranger dont on eut une vague connaissance par la médiation des missionnaires jésuites se montre de plus en plus menaçant. Les guerres de l’Opium opèrent alors dans l’imaginaire politique chinois un complet renversement. Alors que d’une manière récurrente, les envahisseurs venaient du nord ou de l’ouest – la Grande Muraille étant censée les tenir à l’écart – les Européens, eux, forcent la Chine, et pour la première fois de son histoire, à se prémunir contre des invasions venues de l’est. C’est à dire depuis la mer. Bousculée par l’hégémon occidental qui dépèce son territoire réparti en concessions internationales et soumet déjà la Chine sur son flanc oriental à une quasi-situation de servage, la Cour compense sa faiblesse stratégique par une poussée de fièvre irrédentiste. Elle s’exerce sur les marches occidentales de l’Empire par l’annexion définitive du Turkestan[6] (actuel Xinjiang). Cette opération vise à conjurer l’inexorable avancée des éléments tsaristes russes sur ces terres que la Chine a plus d’une fois convoitée. Cette obsession pour la Russie est une constante.

Au point où la Chine communiste entend s’en prémunir dès les années cinquante avec une mise au pas systématique des hauts cadres du Parti en poste dans les régions frontières que Mao Zedong soupçonne de collusion avec Moscou. Tombent des dirigeants ouïghours mais aussi Gao Gang[7] dont l’élimination en 1954 annonce les purges menées sur l’ensemble du pays avec le déclenchement, trois ans plus tard, du Mouvement des Cent Fleurs. Stratégiquement parlant, les conséquences sont doubles : le Parti Etat Chinois décentralise le complexe militaro-industriel du nord vers le sud en prévision d’une attaque menée par l’Union Soviétique. Et son dispositif sécuritaire se renforce considérablement à la frontière de l’Union Soviétique jusqu’à la disparition de cette dernière en 1991. En réalité, et sur plus de cent ans, le centre de gravité stratégique de la Chine se focalisant à la frontière du nord, aura eu pour effet de retarder le développement d’une flotte militaire suffisante pour se projeter en dehors de son périmètre d’action immédiat. Que la Chine ait pensé à l’instigation de l’amiral Liu Huaqing[8] à rattraper son retard[9] dans ce domaine à partir des années quatre-vingt seulement coïncide avec une montée des tensions entre Moscou et Washington dont la Chine a su tirer sur trois décennies bien des avantages.

Le rêve d’une thalassocratie recouvrée

La Chine peut se targuer d’avoir été à l’avant-garde de grandes découvertes maritimes, en Afrique notamment sous la dynastie Ming[10] (XV° siècle) et la propagande chinoise n’hésite pas d’en faire un puissant levier pour faire valoir l’ancienneté de ses liens avec les pays africains. Dans les faits, l’Océan indien est jusqu’à la Renaissance la chasse gardée des navigateurs arabo-persans. Le basculement stratégique survient avec Vasco de Gama qui annonce une maîtrise des circuits maritimes totale et sans intermédiaire depuis la mer de Chine jusqu’au Cap de Bon Espérance par les seuls Européens[11]. La Chine ne sera alors plus réduite qu’à des opérations de cabotage que met d’ailleurs à mal la piraterie japonaise au large de Taïwan et du monde indo-malais. Mais en cette fin de XX° siècle, la flotte civile et militaire chinoise ne cesse de croître dans ses capacités de tonnage. Elle sert un double objectif : sécuriser les approvisionnements en hydrocarbures d’une Chine énergivore et à terme sanctuariser le sud de la mer de Chine où elle met en avant ses « droits historiques »[12]. La loi promulguée à Pékin le 28 mai 2020 sur la « sécurité nationale »[13] ne vise pas exclusivement Hong Kong mais aussi Taïwan. L’île rebelle compte parmi les premières puissances économiques en Asie. Elle peut servir de bouclier pour le continent chinois et à l’inverse, de tête de pont à l’ennemi[14].

A mesure que les tensions avec la puissance américaine s’accroissent, la neutralisation de l’île devient une priorité pour Pékin. Le discours inaugural prononcé à l’Assemblée Nationale par le Premier Ministre Li Keqiang n’a – contrairement aux années précédentes – pas précisé que la réunification avec Taïwan devait être « pacifique ». C’est un tournant et le nationalisme de Xi Jinping radicalise un peu plus le choix américain esquissé par le Secrétaire d’Etat Mike Pompéo de vouloir soutenir davantage Taïwan et d’adopter une loi – « Hong Kong Human Rights and Democracy Act »[15] – conditionnant le traitement particulier accordé par les Etats-Unis à la place financière de Hong Kong au degré d’autonomie réelle dont dispose la région. D’emblée, l’espoir d’une Méditerranée chinoise s’en trouve définitivement contrariée et nombre d’entreprises américaines et japonaises ont décidé à l’issue de la Covid-19 de se retirer du continent chinois. Non seulement le régime de Pékin est entaché de méfiance dans ses agissements chaque année davantage agressifs mais ses initiatives à l’étranger sont vécues comme une véritable intrusion. Le « Soft Power » chinois a muté pour devenir un « Sharp Power » qui suscite, en Occident tout particulièrement, répulsions et crainte d’une hégémonie irréversible.

Historiquement plutôt tournée vers sa profondeur continentale que sa façade littorale et la haute mer, la Chine, a depuis l’ère des réformes (dès 1979), lancées par Deng Xiaoping, modifié son rapport à la mer afin de participer pleinement à la mondialisation, redessinant ses priorités stratégiques et sécuritaires[16]. L’Amiral Liu Huaqing (inspiré de Mahan) sera à l’origine de la fameuse théorie des chaînes d’îles. Pragmatique et prospective, cette théorie est étalée sur un agenda allant des années 2000 à 2050 (horizon identique à la formulation des ambitions de l’APL et de la réalisation du projet BRI). Selon la géographie de cette théorie, la première chaîne d’îles comprend la mer Jaune et la mer de Chine (orientale et méridionale) dont l’île de Taïwan. Les capacités navales chinoises s’y exprimeront avant 2000. La seconde chaîne d’îles court du sud du Japon à l’île de Guam. La défense en haute mer doit être opérationnelle avant 2020.

Incontestablement, la République populaire de Chine (RPC) a procédé tout au long des deux dernières décennies à une véritable montée en puissance des capacités navales en quantité et en qualité. Dès 2000, la marine est certainement la composante qui a le plus bénéficié des réformes et de l’augmentation constante des budgets de défense depuis les années 1980. La stratégie navale chinoise prend forme véritablement au moment même du lancement des réformes (1979) et à la promulgation du concept de défense active. Cette dernière est ambiguë. Elle est par définition défensive (pour les approches maritimes et la défense côtière), mais (très) offensive lorsqu’il s’agit de l’occupation et la prise des îlots en MCM – Mer de Chine Méridionale –  (concernant les Paracels, les Spratleys ou Scarborough, etc.). Très polarisées par la question de Taïwan, les modernisations de l’APL et la politique de défense de Pékin ont développé des moyens très supérieurs (aériens, balistiques et navals) aux forces armées de l’île de Taïwan et suffisants pour infliger des dommages importants aux forces américaines. De plus, Pékin a largement progressé dans le domaine du déni d’accès en créant une véritable bulle A2/AD[17] depuis le continent (enfouis dans les montagnes) et sur les îles poldérisées et militarisées de manière accrue depuis 2014-2015 en MCM. L’APL poursuit également l’acquisition de missiles intermédiaires à tête conventionnelle capable d’atteindre les bases américaines au Japon ou celle de Guam, en plus des programmes de missiles balistiques (DF-21D) ou supersoniques antinavires à longue portée[18].

Même si la Chine ne dispose pas encore de capital-ship, elle dispose d’un très grand nombre de sous-marins, d’imposants bâtiments de combat, d’un programme de porte-avions et des capacités amphibies[19]. Pékin a développé en 20 ans une marine moderne de défense côtière et hauturière[20], mettant en œuvre tout l’éventail des moyens modernes, du porte-avions et destroyers (type 055) au missile de croisière, en passant par les drones et les sous-marins nucléaires (et AIP). Outre le nombre de bâtiments, la marine chinoise a fait de substantiels progrès dans plusieurs domaines[21] : guerre anti-surface, guerre antiaérienne et guerre anti-sous-marine. La guerre anti-surface s’est nettement consolidée avec l’entrée en service de missiles plus puissants pouvant être lancés depuis la surface[22], les côtes ou par des sous-marins[23]. La guerre antiaérienne a bénéficié de l’apport de système russe, mais aussi de système de défense inspiré du Crotale français, à courte portée. Enfin, la guerre anti-sous-marine connaît une montée en puissance par l’amélioration des aéronefs, des radars et des sonars.

Cette montée en gamme contraste avec le manque criant d’expérience opérationnelle du combat moderne et la maîtrise des systèmes d’arme[24].  L’expérience, les savoir-faire et la formation des équipages, des officiers, des chaînes de commandement (en particulier le lien entre marins, officiers mariniers et officiers) suggèrent toujours de nombreuses interrogations. L’usage de la marine de guerre chinoise se pose, notamment en haute mer, loin du bastion stratégique de la MCM, plus généralement dans le cadre des enjeux maritimes contemporains en Asie, dans le Pacifique Sud, l’Océan Indien, voire en Méditerranée ou demain dans l’espace Arctique[25].

L’imparfaite puissance militaire : opacité, hybridité et recherche de parité stratégico-militaire

La refonte de son outil militaire (réformes, modernisation des armées et professionnalisation)[26] tous azimuts, la construction d’une bulle A2/AD (Anti-Access/Area Denial) en mer de Chine (en particulier avec la mer de Chine méridionale, véritable bastion stratégique issu d’une victoire militaire en temps de paix)[27] et la maîtrise de nouvelles technologies de rupture (IA, robotique, learning machine, armes à énergie dirigée, planeurs hypersoniques, drones, etc.) sont autant de paramètres majeurs, changeant la donne stratégique dans le bassin Indopacifique. L’objectif visé par Pékin est celui d’une parité avec les forces américaines et à termes de les dépasser, les Etats-Unis concentrent à eux seuls le modèle inavoué. L’exercice de normalisation internationale du dernier Livre blanc de la défense[28] n’apportait pas de nouveauté en matières stratégiques, mais confirmait les ambitions[29], les représentations et les inquiétudes de Pékin dans son environnement international[30] et régional. Les rivalités stratégico-militaires et économiques durables avec les Etats-Unis[31] continueront de structurer les relations internationales et les choix stratégiques de protection des intérêts vitaux chinois. Le manque de transparence du Parti-Etat sur les questions de défense et de sécurité corrélé aux pratiques opaques, sinon d’espionnage dans le domaine civil et militaire contribuent à amplifier d’une part la course aux armements et la contraction géostratégique dans le bassin Indopacifique et d’autre part, la méfiance à l’égard de la RPC.

L’APL a considérablement élargi ses missions et son rôle : maintien de la sécurité maritime, aérienne, électromagnétique du territoire chinois, lutte contre le terrorisme, gestion de crise (catastrophe industrielle, naturelle ou sanitaire), opération de maintien de la paix de l’ONU, opération de sécurité internationale.

La montée en puissance économique et diplomatique a permis à la RPC de refondre en profondeur son écosystème d’innovation de défense[32], inspirée de la Defense Advanced Research Projects Agency (DARPA). Assez peu étudiée, l’articulation entre les évolutions des armées, de la Base industrielle et technologique de défense (BITD) et la diplomatie de Pékin (dans le bassin Asie-Pacifique en particulier)[33] fait l’objet d’une dynamique certaine depuis une quinzaine d’années (en partie discrètement dans le cadre du projet Belt and Road Initiative), zone d’intérêts stratégiques particuliers pour la France et l’UE. Le Parti-Etat, sa BITD, son influence diplomatique soutiennent de plus en plus l’export de matériels de guerre. En ce sens, la Chine est un acteur de poids dans la vente d’armes dans un nombre croissant de pays et des matériels toujours plus sophistiqués et variés. Les liens avec l’Etat et les tentatives le cas échéant de contournements de l’embargo occidental ont marqué les deux dernières décennies mais aussi les coopérations technologiques et industrielles et les transferts de technologie, le soutien à l’export de matériel de guerre et les politiques d’acquisitions[34].

Il existe une hybridité entre la diplomatie chinoise et l’outil militaire en matière de soutien à l’export, d’acquisition des matériels, de contournement des embargos et plus largement de l’intégration civile et militaire chinoise. Cette hybridité renvoie à la culture stratégique chinoise, du PCC et de son dessein international. Depuis l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping, les liens entre les universités, la communauté de défense (y compris toutes les composantes renseignements) et les organes du PCC se sont clairement intensifiées[35]. Plusieurs domaines sont au cœur de ses priorités stratégiques : nucléaire, cyber, naval-maritime, spatial et les missiles, la dimension aérienne. Ces dernières structurelles en Chine, continuent de chercher des développements à l’étranger (en particulier au sein de l’UE et des partenaires stratégiques de la France). Il incombe aux spécialistes de la Chine contemporaine de mettre en lumière les réalités opérationnelles de l’APL d’une part et son usage diplomatique et ses velléités d’autre part. L’opacité et la dissimulation ont structuré plus de vingt années de modernisation de l’outil militaire et de son usage essentiellement dans la périphérie chinoise, mais de plus en plus dans l’Océan Indien, en Asie centrale, dans le Pacifique ou encore en Afrique.

Malgré les restrictions budgétaires suite à la guerre commerciale avec les Etats-Unis et la crise du virus, la hausse annoncée lors des « deux assemblées » du budget de défense (+ 6,6 %) est un signal en phase avec les velléités de puissance et d’hégémonie « statocentré »[36]. Rivalité, défiance et fierté (selon les mots de Hobbes)[37] sont au cœur du dessein de la Chine pour recentrer, non plus l’Asie mais le monde sur elle-même.

Une diplomatie irascible d’un Léviathan

En Asie – surtout -, la RPC continue à l’évidence de promouvoir une multipolarité asymétrique au sein de laquelle elle se voit comme la seule grande puissance capable de développer un jeu bipolaire avec les États-Unis d’Amérique (dans tous les domaines : économique, diplomatique et sécuritaire). L’hégémonie régionale de la Chine est marquée par une montée en puissance des litiges territoriaux, notamment maritimes (mers de Chine orientale et méridionale – MCM), avec le Japon et des États d’Asie du Sud-est ; et par le contournement de son enclavement continental (vulnérabilité stratégique), à travers une politique proactive de construction d’infrastructures (gazoducs, oléoducs, ports, réseaux divers) avec la Russie, l’Asie centrale, Asie du Sud et Sud-Est, et de sécurisation de ses approvisionnements terrestres et maritimes. La Chine cherche avec sa stratégie de « grand pays » (daguo zhanlüe), à consolider sa fragile puissance globale, légitimer son sentiment d’assiégé et combler ses vulnérabilités stratégiques, quitte à redessiner l’ordre mondial. Pour ce faire, Pékin structure fortement l’avenir de son voisinage pluriel, en concurrence avec la présence américaine, le Japon, l’Inde, secondairement les autres pays occidentaux.

Inédit dans son histoire, la Chine a réussi à se hisser à ce niveau de puissance à un moment où le système international lui était plutôt favorable : perte de vitesse du leadership américain à partir de l’invasion de l’Irak en 2003, fragilité de l’Europe et son manque d’ambition politique et stratégique, atomisation et grande hétérogénéité des puissances, qui de fait pâtissent d’une relation dissymétrique avec la RPC et impossible coalition, suffisante pour faire contre-poids. Cette ascension a à son tour, progressivement depuis les années 1990, et de manière accrue dès 2001, puis 2009, façonné un ordre international nouveau, où le géant chinois qui jusqu’alors était cantonné à ce statut en Asie, s’est dilaté pour désormais inquiéter et recomposer les équilibres mondiaux.

La RPC a connu une décennie 2010, la plaçant parmi les plus grands de ce monde, sans avoir eu à modifier son système politique, tout en ajustant un capitalisme d’Etat autoritaire et dérogatoire, promettant l’accès de son immense marché aux pays occidentaux contre transferts de technologies et accumulation de recettes commerciales. Le Parti-Etat a ainsi procédé de la sorte en Etat stratège, faisant de ces deux paramètres l’essentiel de son intelligence stratégique et économique.  Un jeu complexe d’interdépendance inégale[38] (dettes et parts de marché) s’est installé sur deux à trois décennies. Il s’agit d’un réseau de partenaires économiques et diplomatiques asymétriques jouant de sa masse critique, clef de sa puissance, avançant masquée avec un agenda caché. Cette trajectoire suit les écrits de Yan Xuetong[39] (l’un des experts académiques participant à l’élaboration de la politique étrangère chinoise) en 2014. Ce dernier évoque le mouvement de la diplomatie chinoise depuis Deng Xiaoping à Xi Jinping par l’abandon des préceptes qui avaient caractérisés la politique internationale depuis les années 1980 : « du profil bas » (version abrégée de « rester dans l’ombre et attendre son heure » du chinois taoguang yangui) vers « s’efforcer de réussir » (fenfa youwei). En ce sens, Pékin a été l’un des Etats du système international les plus proactifs de ces deux dernières décennies dans trois directions essentielles : intégrer et assimiler les institutions internationales onusiennes, redynamiser certaines délaissées ou peu efficaces, et surtout, créer un nouveau système d’organisations.

Depuis les années 1970, Pékin procède à une assimilation complète des règles interétatiques et multilatérales, hier dominées par les Occidentaux, aujourd’hui fragmentées sinon inopérantes. Progressivement, la Chine quand cela l’arrange donne une interprétation des règles, les met à son service sinon les transforme. Ainsi la RPC bénéficie d’une influence importante à l’ONU[40] et souhaite étendre au monde par son intermédiaire une image et un discours sans pouvoir être remise en question (propagande et censure). Aussi, l’ONU lui permet d’assoir sa puissance dans des domaines clés (télécommunications, agriculture et alimentation, transports, propriété intellectuelle). De manière corrélée, la création de nouvelles institutions (OCS, CELAC, FOCAC, BAII, format 17 + 1 ou encore un système de paiement) permet à la Chine de se substituer à la domination et l’influence occidentale et construire le cadre d’une nouvelle forme d’hégémonie[41]. Ces institutions crées sont les laboratoires diplomatiques et stratégiques de l’hégémon potentiel chinois de demain. Dans ce cadre stratégique, la RPC vise à neutraliser l’influence américaine, sinon Occidentale en instrumentalisant et le cadre onusien et les réseaux ou organisations existantes : UE, Fives Eyes, opinions publiques occidentales, africaines etc. La finalité réside dans la promotion du libre-échange, d’un cadre multilatéral et d’un monde multipolaire, cherchant de manière de moins en moins cachée la parité avec les Etats-Unis (un G2 ou une bipolarité), tout en spéculant sur la décadence et la fin de ce dernier pour assoir définitivement l’asymétrie avec les autres pôles.

La fièvre nationaliste dont l’ampleur est sans précédent (malgré une congruence nette avec la jeune histoire du régime communiste chinois), à l’exception de la relation sino-japonaise, la situation aujourd’hui, a glissé vers une dimension plus globale dont l’Occident est la cible essentielle.  La pensée nationaliste prend depuis l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping ses marques à travers la plume de Wang Huning, intellectuel intégré au système politique depuis les années 1990, l’un des maîtres à penser du soft power Chinois et des discours sur la prééminence de la Chine. L’objectif de la grande renaissance de la nation chinoise » (zhonghua minzu weida fuxing) est corrélé au rêve chinois (zhongguo meng)[42], un peuple riche (fumin) et un pays puissant (qiangguo).

Le mouvement politique et institutionnel opéré lors du 19e Congrès en octobre 2017 suit la cohérence néo-conservatrice de la gouvernance incarnée par Xi Jinping et l’appareil du Parti-Etat. Les « Caractéristiques Chinoises » (zhongguo tese) inscrites dans la Constitution et dans l’ensemble de la machine de propagande à l’échelle du pays sont à l’opposé de l’Occident, des valeurs démocratiques et libérales. Le Parti-Etat propose ainsi un Vademecum au modèle occidental et à son influence avec lequel il est en confrontation, hier discrète et insidieuse, aujourd’hui, ouverte et plus irascible. 

Ce nationalisme étatique et populaire très profond conduit la RPC à demeurer une puissance révisionniste. Son influence et son poids dans le système international dépassent largement le cadre de son expérience globale en tant que puissance. Son incapacité à entendre les critiques aujourd’hui (à des échelles sans précédents) lui confère une forme pathologique de son rôle dans le système international. Celle-ci a démontré qu’elle était intenable en tant que grande puissance fédératrice sinon modèle à suivre. Pékin s’est enfermée[43] et enferme le monde dans un cercle vicieux et dangereux (discours et chantage de l’usage de la force) où l’escalade peut devenir sans trop d’obstacles la ligne d’horizon.

Aujourd’hui, en ce début de nouvelle décennie, le régime fort est plus exposé que jamais tant sur la scène mondiale qu’au sein de son immense population en proie aux doutes d’une durabilité du fragile système, soumis comme la longue histoire de l’empire Chinois le montre par une succession d’expansion et de rétraction, autrement dit de temps d’épanouissement et d’unité, laissant place aux temps de crise et de fracture. Le classique Roman des Trois Royaumes (XIVe siècle) décrit ainsi le processus quasi physiologique de vie de l’empire chinois entre unité succédant à la séparation, l’unification faisant suite à la séparation.

Les diverses crises politiques, humaines, économique, écologique (de Taïwan aux Ouighours, en passant par Hong Kong, la mer de Chine méridionale et les déséquilibres internes humains, environnementaux) induites par le développement rapide et la coercition latente du régime trouvent un écho décuplé avec la crise sanitaire, issue de Wuhan, devenue une crise globale, révélant le caractère, les incapacités et les velléités de Pékin tant en interne qu’à l’international. Le cumul des situations très complexes, le manque d’expérience de la Chine en matière de gestion de crise globale et mondialisée, la course à l’hégémonie dans un contexte international qui change peu à peu son rapport à la Chine, du fait de l’ampleur des dissimulations et des mensonges, conduiront le Parti-Etat, soit à modifier ses modalités de gouvernance (synonyme d’une véritable rupture avec l’histoire du régime), soit à se tendre davantage et remettre en question l’équilibre entre autorité politique, légitimité et contentement du peuple.

Les deux assemblées annuelles (Conférence consultative du peuple chinois et l’Assemblée Nationale Populaire, rassemblant le Comité central du Bureau politique, le Bureau politique, le Comité central et quelques 3000 délégués) sont dans l’agenda politique du régime l’un des grands moments de mise en scène du pouvoir et de l’orientation des grandes décisions économiques, stratégiques et politiques. La question de la stabilité (wending) y figure 41 fois dans le discours de Li Keqiang. Un slogan résume à lui seul les priorités fixées par le Parti-Etat dans le contexte économique et stratégique chinois actuel : trois combats (san zhan), six stabilités (liuwen) et six garanties (liubao). Respectivement, le Parti-Etat doit tenir à distance les risques majeurs, réduire la pauvreté et les inégalités et contrôler la pollution. Les stabilités concernent : le chômage, les finances, le commerce international, les IDE, les investissements nationaux et l’ « espoir du peuple ». Les six garanties désignent de leur côté : l’emploi, le niveau de vie minimum, la sécurité alimentaire et énergétique, les chaînes d’approvisionnement et l’interaction fluide entre le pouvoir central et le local[44]. Ce champ lexical n’est pas sans rappeler l’ère révolutionnaire passée d’une part, et les réalités de gouvernance d’une immense masse critique (géographique et démographique) insérée dans la mondialisation d’autre part. Stratégiquement, le régime incitera dans les prochains mois et années la consommation intérieure en miroir de la diminution de l’export, ce qui a fait la puissance économique et commerciale chinoise.

Le défi est celui de l’emploi et de la relance de l’appareil industriel. Le taux de chômage réel pourrait être voisin de 10 %.  D’une manière significative, le montant du plan de relance (3750 milliards de yuans) est inférieur à celui initié après la crise des subprimes en 2009 – 4000 milliards de yuans. La relance sera axée sur les infrastructures de transport et de technologies avancées ou de rupture : la 5G, les « big data », les caméras de surveillance, les véhicules autonomes etc. Deux secteurs prioritaires se dégagent du plan de relance : l’intelligence artificielle (14 000 milliards de yuans sur cinq ans) et l’environnement (407 milliards de yuans). Aussi, il est annoncé que chaque province sera équipée d’un laboratoire P3.

Si ce rendez-vous politique a aussi été l’opportunité tactique pour le régime de faire passer en force une loi de sécurité nationale à Hong Kong, il n’en demeure pas moins que l’isolement progressif de Pékin sur la scène internationale se confirme.

Pour pallier la détérioration de son image, la RPC veut se concentrer sur l’hypothétique relance économique et industrielle mais aussi le chômage, l’une des priorités socio-économiques du moment, ainsi que la relance du projet BRI (pendant la pandémie, Pékin a conclu des projets d’infrastructures et d’énergie avec la Turquie, le Nigéria et le Myanmar, contrastant avec les retards pris notamment dans le corridor sino-pakistanais, le TGV en Indonésie ou d’autres projets d’infrastructures au Sri Lanka ou au Cambodge).

La Chine est aujourd’hui animée par un sentiment de toute puissance et d’agressivité cumulées sans précédent. Des débats au sein de l’appareil du Parti-Etat voient le jour entre des intellectuels et des universitaires conseillers de Pékin en matière diplomatique et stratégique. Li Keqiang, Shi Yinhong, Qiao Liang, le think tank CICIR ont tous émis des doutes sinon des avis contraires à la doxa sur la ligne à tenir en matière diplomatique et que l’abrupt et le brutal conduiraient Pékin à un isolement encore plus grand. L’agenda et le chemin vers l’accomplissement ultime de 2049 sera celui de la confrontation.

Si le régime du Parti-Etat semble être en difficulté et remis en question à travers des crises structurelles et conjoncturelles aux périphéries de son immense territoire (révoltes et revendications à Hong Kong, répression au Xinjiang, verrou taïwanais etc.) comme au centre (crise sanitaire du Covid-19, fragilités économiques et financières, environnement et problématique démographique, etc.), il n’en demeure pas moins que l’inertie de la puissance, les interdépendances économiques et l’activité diplomatique accrue lui assurent un maintien de son influence. Aussi, Les modernisations militaires (leurs mises en scènes/parades spectaculaires) participent pleinement au soft Power interne et à la légitimation du système politique. L’ensemble des paramètres évoqués précédemment animent la dialectique de la dépendance et de la puissance dans la stratégie chinoise[45].

Une alternative à la domination occidentale ? De l’impossible modèle hégémonique chinois au risque de guerre

L’irruption de la Chine sur la scène internationale a transformé l’organisation des flux économiques et financiers. Les grands équilibres géopolitiques ont été eux aussi bousculés et renouvelés. Puissance singulière et marquée avant tout par ses capacités économiques et commerciales, cette trajectoire a montré depuis les années 1990, l’importance de la géoéconomie par rapport à la géopolitique[46]. L’objectif prioritaire est la consolidation du système politique et d’assurer sa longévité.

Le système Onusien se doit de se réformer (réforme du Conseil de sécurité et de l’articulation de ses pouvoirs avec ceux de l’Assemblée générale) et ce, d’une manière plus autonome (réforme des financements pour réduire la dépendance onusienne)[47], sinon l’ONU pourrait connaître le chemin de la SDN.

Malgré ses efforts et son ascension, Pékin demeure très largement une puissance incomplète. Son Soft Power ne rassemble pas, voire se fissure. A peine 20 ans après le lancement de sa diplomatie des Instituts Confucius, nombreux sont les cas de fermetures, de suspicions et de méfiance des pays hôtes. Le Soft Power chinois ne peut rivaliser avec celui de l’Occident lui-même dans un monde globalisé, équilibré par ce que peuvent offrir le Japon, l’Inde par exemple. La brutalité et la tonitruance diplomatique pékinoise dans la gestion de crise du virus a été paradoxalement un temps éloquent d’exhibition des incapacités et handicaps chinois. Plus de 140 pays ont sollicité une enquête indépendante pour faire la lumière sur l’origine du virus, un mouvement de relocalisation des chaînes de valeurs est initié, plusieurs partenariats universitaires et d’échanges culturels sont perturbés, sinon annulés…En somme, la crise du coronavirus accélère le délitement en profondeur de l’attractivité du pays[48].

Son outil militaire est à l’image du régime, articulé par le mensonge, la corruption, les réels avancées qualitatives et le questionnement sur son usage et son avenir. Surestimant ses capacités réelles sur celles des Etats-Unis voire du Japon, l’outil militaire est surtout marqué par l’inexpérience de la guerre tant de ses marins, que de ses soldats ou aviateurs. Il n’y a bien que les cyber-soldats de l’unité 61398 (ou d’autres) basée à Pudong qui font de l’offensive des victoires en dehors du périmètre régional.

Il semble plus que difficile de revenir en arrière. La confrontation directe n’est pas souhaitée ni souhaitable. Cependant, elle demeure plus que jamais le risque de la décennie 2020. Lors d’une conférence de presse le 24 mai dernier, le Ministre des Affaires étrangères chinois, Wang Yi (le chef de meute « des loups guerriers ») a affirmé que « la Chine ne changerait pas » (zhongguo bu hui gaibian). Pékin redoute un large mouvement de relocalisations dans les prochains mois et tente de rassurer les acteurs économiques et industriels mondiaux en se définissant comme le moteur de la globalisation (quanqiuhua).

La situation à Hong Kong comme celle de Taïwan, des Ouighours et des Tibétains, autant que les pro-démocraties se sont toutes aggravées en lien avec la quête tonitruante de la souveraineté chinoise en rupture avec le droit international[49] et seront parmi les principales causes d’escalade.

Le cœur du régime maintien sa légitimité – son mandat du ciel[50] – et cherche à gagner du temps sur le rythme du système international (crise du multilatéralisme et montées des tensions) dont la célérité avec la crise du Coronavirus a confirmé l’intensité. La RPC vulnérable à bien des égards rassemble nombre de paramètres inquiétants, y compris depuis plus de deux décennies sur les efforts diplomatiques[51] de désamorcer le syndrome de « la menace chinoise » en soulignant le caractère « singulièrement chinois » du pacifisme. Les thèses de Mearsheimer ou d’Allison sur l’inévitable confrontation militaire entre puissances ascendantes et puissances établies prennent du sens au travers de la crise sanitaire mondiale et des offensives chinoises. Plus largement, la Chine d’aujourd’hui est-elle comparable à l’Allemagne de la fin du XIXe et début XXe siècle, ou encore celle du Japon de l’ère Meiji ou Showa. Les contraintes à son ascension hégémonique peuvent favoriser un climat conflictuel. Le monde (pas seulement l’Occident) se doit de bien retenir et de bien comprendre le précepte de Sun Zi : « Lorsque l’ennemi est trop puissant, il faut refuser le combat ».

Par Emmanuel Véron & Emmanuel Lincot. Cet article a été initialement publié dans la Revue Le Grand Continent le 5 juin 2020. Vous pouvez lire l’article original en cliquant sur le lien ci-dessous :

La résistible ascension de la Chine, pt. 3 : un hégémon partiel pour un monde trop grand


[1]Roman écrit par Luo Guanzhong, l’un grands classiques de la littérature chinoise écrit au temps de la dynastie Ming (1368- 1644) dont l’objet est l’histoire de la fin de la dynastie Han au IIIe siècle de notre ère.

[2]https://legrandcontinent.eu/fr/2020/05/14/la-resistible-ascension-de-la-chine-pt-1-un-regime-mutant/

[3] https://legrandcontinent.eu/fr/2019/09/06/decouvrons-antonio-gramsci/

[4] https://www.revue-etudes.com/article/grandes-heures-de-la-pensee-chinoise-de-jean-claude-pastor-dir-20497

[5] Gernet Jacques, 1972, Le Monde chinois, Armand Colin, 745 pages.

[6] Lincot Emmanuel, 2009, Carnet ouighours de Chine, Koutoubia, 133 pages.

[7] Guillermaz Jacques, 1979, Histoire du Parti communiste chinois : 1949-1962, Petite bibliothèque Payot, 787 pages.

[8] Influent dans le renouveau de la politique de défense, l’Amiral Liu Huaqing (commandant la marine chinoise entre 1982 et 1988 puis vice-président de la Commission militaire centrale jusqu’en 1997) impulsera les fondements de mutation de l’actuelle marine chinoise, passant d’un appui aux forces terrestres à une fonction gagnant en autonomie, notamment de défense hauturière.

[9] https://journals.openedition.org/perspectiveschinoises/7458

[10] Brook Timothy, 2012, Le chapeau de Vermeer, Payot, 384 pages.

[11] Braudel Fernand, 1979, Civilisation matérielle, économie et capitalisme. XVe – XVIIIe siècle. Tome 3 : Le temps du monde, Armand Colin, 607 pages

[12] https://www.ifri.org/fr/publications/editoriaux-de-lifri/lettre-centre-asie/mer-de-chine-droit-de-mer-va-puissance-chinoise

[13] https://www.lemonde.fr/international/article/2020/05/21/le-parlement-chinois-va-se-saisir-d-une-loi-de-securite-nationale-a-hongkong-enieme-tentative-de-controle-accru-du-territoire_6040351_3210.html

[14] Wachman Alan, 2007, Why Taiwan, Studies in Asian Securities, 272 pages.

[15] https://www.congress.gov/bill/116th-congress/house-bill/3289

[16] Duchâtel Mathieu et Sheldon Duplaix Alexandre, 2018, Blue China : Navigating the Maritime Silk Road to Europe, Policy Brief, ECFR. http://www.ecfr.eu/page//Blue_China_Navigating_the_Maritime_Silk_Road_to_Europe.pdf

[17] Tangredi Sam, 2013, Anti-Access Warfare, Countering A2/AD Strategies, Naval Institute Press, Annapolis, 2013, 306 p.

[18] China’s Military Strategy (中国的军事战略), 2015 et The Diversified Employment of China’s Armed Forces (中国武装力 量的多样化运用), 2013.

[19] Erickson Andrew et Martison Roger, 2019, China’s Maritime Gray Zone Operations (Studies in Chinese Maritime Development), Anapolis, Naval Institute Press, 2019.

[20] CSIS, Programme « China Power  – china naval modernization », https://chinapower.csis.org/china-naval-modernization/

[21] La copie, les transferts de technologies et l’espionnage sont au cœur de la montée en gamme des équipements. L’utilisation en opération n’en est pas moins difficile à maîtriser.

[22] Koh Collin, 2019, « Quels progrès pour la marine chinoise ? », dans Chine, quelle puissance militaire ? Aix-en-Provence, DSI, HS 68, 2019, p. 82-83.

[23] Koh Collin et Till Geoffrey, 2017, Naval Modernisation in Southeast Asia, Part Two: Submarine Issues for Small and Medium Navies, Palgrave Macmillan, 137 pages.

[24] http://www.opex360.com/2020/04/12/le-nouveau-porte-helicopteres-dassaut-amphibie-chinois-de-type-075-victime-dun-incendie/

[25] Véron Emmanuel, 2020, « Marine de guerre chinoise et politique étrangère dans le bassin Pacifique : le dilemme de la haute mer », dans l’ouvrage collectif Indo-Pacifique et routes de la soie : les nouvelles stratégies mondiales, dir. Jean-Marc Régnault, CNRS Editions, à paraître. 

[26] Genevaz Juliette, 2016, « La réforme de l’Armée populaire de libération, au cœur de la rénovation de l’État chinois », Note de recherche stratégique n° 29, IRSEM, 16 août 2016.

[27] Péron Doise, 2017, « La mer de Chine du Sud : une géographie maritime à la conflictualité latente », Note de recherche, n° 44, IRSEM, le 21 juillet 2017.

[28] Cette livraison de l’été 2019 est intitulée « La défense chinoise dans une nouvelle ère » (新时代的中国国 防).

[29] Blasko Dennis J., 2019, « China’s head-spinning defence white paper », Lowy Institute, 25 juillet 2019.

[30] Kania Elsa B., 2019,  « Innovation in the New Era of Chinese Military Power. What to make of the new Chinese defense white paper, the first since 2015 », The Diplomat, 25 juillet 2019.

[31] Véron Emmanuel, 2019, « Le nouveau Livre blanc de la défense chinoise : entre doutes et lacunes d’un exercice de communication », Le Grand Continent, le 6 aout 2019. https://legrandcontinent.eu/fr/2019/08/06/le-nouveau-livre-blanc-de-la-defense-chinoise-entre-doutes-et-lacunes-dun-exercice-de-communication/

[32] Grillon Éric-Vincent et Liffran Camille, 2019, « L’innovation, priorité de l’industrie chinoise de défense : état des lieux et enjeux à venir », Asia trends, n° 5, Printemps 2019.

[33] Medcalf Rory, 2018, “China and the Indo-Pacific: Multipolarity, Solidarity and Strategic Patience ”, Paper delivered for Grands enjeux stratégiques contemporains – Chaire en Sorbonne Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, 2018. https://nsc.crawford.anu.edu.au/sites/default/files/publication/nsc_crawford_anu_edu_au/2018-04/rory_medcalf_sorbonne_indo pacific_march_2018.pdf

[34] https://asiatimes.com/2020/05/chinas-new-h-20-bomber-has-the-pentagon-worried/

[35] Joske Alex, 2018, “ Picking flowers, making honey. The Chinese military’s collaboration with foreign universities”, Policy Brief Report n°10, ASPI, October 2018. Joske Alex, 2019, « The China Defence Universities Tracker. Exploring the military and security links of China’s universities”, Policy Brief Report n°23, ASPI, November 2019.

[36] Cabestan Jean-Pierre, 2015, La politique internationale de la Chine. Entre intégration et volonté de puissance, Presses Science Po, 638 pages.

[37] Hobbes Thomas, 2014, Leviathan, Gallimard, Folio, 1024 pages. Première publication de ce texte en 1651.

[38] Hassner Pierre, 1974, « Intégration et coopération ou inégalité et dépendance ? », Revue française de science politique, n°6, p.1261-1266.

[39] https://academic.oup.com/cjip/article/7/2/153/438673

[40] https://theconversation.com/organisations-internationales-le-spectre-dune-hegemonie-chinoise-se-concretise-136706

[41] https://www.adamas-lawfirm.com/fr/publications-et-seminaires/les-enjeux-juridiques-des-nouvelles-routes-de-la-soie,1091

[43] https://asialyst.com/fr/2020/05/29/chine-grand-virage-gauche-xi-jinping-coronavirus/

[44] https://www.questionchine.net/les-deux-sessions-d-une-chine-a-l-economie-blessee-et-au-nationalisme-ombrageux

[45] Véron Emmanuel, 2020, Pékin face aux crises périphériques et du centre : le tournant conjoncturel et structurel de la décennie 2020 ? FDBDA, le 22 février 2019. https://www.fdbda.org/2020/02/pekin-face-aux-crises-peripheriques-et-du-centre-le-tournant-conjoncturel-et-structurel-de-la-decennie-2020/

[46] Luttwak Edward, 1990, « From Geopolitics to Geo-Economics”, The National Interest, p. 17-23.

[47] https://www.institut-rousseau.fr/lonu-a-lepreuve-de-lascendance-chinoise/

[48] https://www.novastan.org/fr/kirghizstan/tensions-etats-unis-chine-la-diplomatie-multi-vectorielle-des-pays-dasie-centrale-est-mise-a-lepreuve/?utm_source=Novastan.org+Newsletter&utm_campaign=9569277c2c-NSLR+267_COPY_01&utm_medium=email&utm_term=0_d479236523-9569277c2c-221801077

[49] https://theconversation.com/debat-il-ny-aura-pas-de-nouvel-ordre-international-post-pandemique-138983

[50] https://www.nbr.org/publication/chinas-vision-for-a-new-world-order/

[51] https://www.chinafile.com/library/nyrb-china-archive/art-interpreting-nonexistent-inscriptions-written-invisible-ink-blank

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