La lettre n°1 – Printemps 2020

Emmanuel Veron

Créé à la fin de l’année 2019, notre fonds s’inscrit dans le fil de précédentes collaborations avec des sociétés savantes.

Cette pratique débutante nous a confirmé deux choses :

  • La connaissance par le public français des étendues des enjeux de la réalité du monde maritime demeure lacunaire,
  • Quant à l’Asie, autre centre de gravité du monde, celui-là terrestre, nous en sommes, nous français, malheureusement au même stade d’ignorance que celui décrit par Alexis de Tocqueville il y a 170 ans.

En bref, nous pensons qu’il n’est pas inutile de nous mettre au service de ces causes.

D’abord, en aidant, sans préjugés ceux qui travaillent à améliorer la connaissance dans ces domaines. Ensuite, en apportant aux décideurs et aux observateurs des clefs pour l’action.

Notre site qui accueille billets et publications s’articule avec un compte twitter bien actif. Nous y ajoutons aujourd’hui notre newsletter. Ou, en bon français, notre gazette trimestrielle.

Cette année, à l’automne, nous couronnerons deux œuvres l’une en partenariat avec la Société des explorateurs, l’autre en partenariat avec l’Académie de marine.

Enfin grâce à notre délégué général de nombreux contacts ont pu être noués avec des acteurs des relations internationales sensibles à nos préoccupations.

Ce travail initial est encourageant, nous le poursuivrons.

L’actualité internationale est d’une densité exceptionnelle, à l’image de la complexité croissante du système international et de l’atomisation de ses acteurs.

La crise du coronavirus a montré la fragilité des opinions publiques, les forces et les faiblesses des administrations publiques et les lacunes des outils de production de biens et de services. La conséquence en est financière : un effondrement des marchés financiers qui enregistrent des effacements de capitaux sur les principales places.

Elle n’est pas à l’échelle des ravages des épidémies de peste du Moyen Age. On attend de la crise actuelle qu’elle ait un impact bénéfique dans le rééquilibrage géographique des chaînes de production. Ceci au profit des marchés les plus stables et générateurs de nouvelles technologies. On connaîtra dans quelques années la magnitude de ces conséquences ; elles marqueront -ou pas- un autre stade de la globalisation.  

Ce pas accompagnera-t-il les nombreux gestes de repli que l’on observe dans l’opinion et les gouvernements de nombreux pays ?

L’obsession des peuples allogènes qui, après les Etats-Unis (latinos), a gagné l’Inde (les musulmans) et la Chine (Ouighours, Tibétains et « démocrates ») pointe plus qu’un museau en Europe : Catalogne, Monténégro, Ecosse, Crimée, Ossétie, Kosovo, Donbass, Haut-Karabagh, Thuringe, Vlaams, Corse, Brexit, gilets jaunes, etc…

La puissance de l’irrationnel et de l’inexplicable est à l’œuvre.

Pour le moment, ces mouvements sont mal équipés en chefs et en doctrine, c’est cette colère du peuple captée par des petits groupes décidés qui permettra des coups d’Etat autoritaires déguisés en révolutions.

L’ignorance et l’oubli sont la règle. Les Etats-Unis ont décidé de se retirer d’Afghanistan suivant un schéma encore plus rudimentaire que ce qu’ils firent en Indochine. N’est pas Kissinger qui veut. La victoire de sanguinaires dictatures communistes au Viêt-Nam et au Laos, celle encore plus épouvantable, encore préhensible aujourd’hui, des Khmers rouges au Cambodge, n’ont rien appris au département d’Etat.

Le Moyen-Orient fragmenté et dans un aventurisme institutionnel cherche un équilibre recomposé introuvable entre politique, religion, démographie et système d’alliance.

Le concept Indo-Pacifique (faisant des espaces maritimes le prisme géostratégique) gagne en volume, tant la polarisation de la mondialisation sur la Chine s’affirme. La crise sanitaire globalisée venue de Chine nous le rappelle avec force.

Le nombril est la seule bonne référence pour les Occidentaux qui vivent dans l’opulence, s’obsèdent de la menace des multitudes misérables qui veulent saisir des miettes de leurs richesses.

Contrairement à ce que dit Greta Thunberg les pays développés sont bien conscients d’un grave péril écologique. Mais du fait de l’absence d’un nouveau modèle de production – indisponible aujourd’hui et supposé s’installer de manière indolore -, on évite d’incriminer l’explosion de la population mondiale et de sa consommation comme premier responsable des désordres.

Bien qu’il n’y ait presque plus de Climato-sceptiques, les discours verts se radicalisent et se généralisent.

La vieille mécanique des prétendues révolutions est au travail, qui ramassera la mise ?

Sur les mers, les premiers essais de bateaux transocéaniques sans équipages montrent que très vite les espaces maritimes seront le domaine presqu’absolu des drones. Probablement plus rapidement que dans l’aérien.

La maîtrise d’un « désert sans caravanes » doit s’inventer et ce, même si les armes hypersoniques réduiront encore et beaucoup les distances.

La géostratégie est toujours en renouvellement.

Tant mieux !

PB & EV

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