Comme les océans certains sont calmes, d’autres en furie.
Il en va ainsi des basculements de l’Histoire.
En ce changement de saison l’observation est vérifiée.
LES OCEANS
Dans un exercice lisse, bien préparé et bien organisé, les Nations Unies avec l’UNOC ont fait une démonstration à Nice. Bonnes intentions, beaux discours, partenaire puissant, ban et arrière-ban d’ONG’s, absence méprisante de la première puissance maritime, expertises inquiétantes, bonnes et mauvaises volontés. Finalement pas de surprise : un grand traité sera probablement ratifié bientôt !
Hourra ?
Malgré tout, dans notre monde brutalement fragmenté, impotent, affronté aux crises régionales et au réchauffement climatique, il est clair que l’urgence est dans le renouvellement des outils et de la praxis de la politique internationale pour offrir aux États la possibilité de mener efficacement de vraies actions collectives.
La conception actuelle d’un multilatéralisme qui puise ses sources dans le règlement de nos guerres de religion (traités de Westphalie) et qui procède des rapports de force issus de la première et deuxième guerre mondiale a généré des mécaniques qui n’ont jamais été aussi bureaucratiques, inefficaces, sophistiquées et trompeuses.
La philosophie ne fait pas défaut. Le point de blocage majeur est connu, c’est la forme et le fonctionnement du Conseil de Sécurité qui est en cause
Y a du boulot !
LES MÂNES DE CYRUS QUI CHERCHENT UN GORBATCHEV POUR TEHERAN
La chute de la maison alaouite des Assad, l’effondrement du Hezbollah chiite de Nasrallah, du Hamas Sunnite de Sinwar, et la disette qui s’annonce au Yémen pour les Houtis chiites ont en moins de trois ans privé l’Iran de ses malfaisants mandataires.
Des sanctions économiques longues et lourdes, un réseau d’alliances nécessairement douteuses, des agressions en direction de voisins arabes, une défaite politique en Irak, une fuite des élites et l’impopularité croissante d’un régime pourri ont effrité la puissance iranienne.
Néanmoins cette politique « tordue », coûteuse, a conservé à l’Iran sa place sur une case majeure de l’échiquier de l’Asie centrale.
La construction, stratégiquement logique, de l’arme nucléaire, engagée par le Shah et poursuivie -illégalement- depuis est pour presque tous les Iraniens l’attribut majeur et nécessaire pour leur pays environné de pays déjà dotés : Chine, Pakistan, Inde, Russie, Israël.
Alors si on réfléchit un peu, la focalisation exclusivement anti- Israël des mollahs à la poursuite du rêve d’un empire Perse chiite, leader de l’Umma, n’est pas à la hauteur du génie diplomatique déployé jadis par l’Iran.
L’actuelle campagne militaire d’Israël, passe par une étroite fenêtre d’opportunité. L’analyse rationnelle de son succès s’analysera à plusieurs degrés.
En premier le niveau de destruction obtenu du complexe militaro nucléaire Iranien, dont l’optimum ne pourra être atteint qu’avec la participation de l’US Air Force, déclenchée ce 21 juin 2025.
En second sur le plan politique les conditions de la chute du régime des mollahs. L’erreur à commettre serait de vouloir la précipiter depuis l’extérieur, particulièrement, en liquidant physiquement le guide suprême. Un tel vieux régime, intégriste, terroriste, kleptocratique et assassin s’effondrera un jour sur lui-même.
Il s’agira enfin d’appeler Israël à la raison : immédiatement respecter les lois de la guerre à Gaza et derechef engager la solution politique à deux États. Puis rechercher à bref délai, un élargissement des accords d’Abraham.
La difficulté principale, se cache dans le profil des protagonistes.
Un premier ministre israélien retors, menacé par toutes les Justices, meneur dans son pays d’une coalition aussi fragile qu’extrémiste, mais couronné « sauveur » de son pays. Un Président des États Unis d’Amérique corrompu, inculte, incompétent, instable, soumis aux courants contradictoires d’une cour de « furieux ». Un octogénaire iranien fanatique, meneur d’une cohorte de kleptocrates emmenés par son fils, tous saigneurs d’un peuple orgueilleux, asphyxié et abusé. Un vacillant frère musulman néo-Ottoman à Ankara. Des dirigeants arabes souvent pragmatiques, mais handicapés en interne par des opinions publiques farouchement anti-Israël.
Le reste de l’Occident devra se tapir, jouer un rôle discret et indirect pour priver le « sud global » de l’accusation d’ingérence. Il devra aussi, mettre en scène proprement le désastre du régime Iranien pour, à la faveur d’une accalmie, faire reculer l’islamisme politique.
La voie est étroite, minée et semée d’embûches.
La raison le veut ; les passions, l’hubris ou les fanatismes religieux autoriseront ils la lumière ?
`DES GUERRES SANS LECONS
L’Histoire des conflits montre que les réflexions des états-majors et de leurs décideurs politiques sont, en général, en retard d’une guerre.
Le spectacle des affrontements actuels, particulièrement sur les théâtres Ukrainiens et du Proche Orient démontrent à l’envi les criantes insuffisances des armées occidentales en matière de vraie prospective.
La créativité ukrainienne ou l’efficacité du Mossad et de Tsahal ridiculisent nos corporatismes, les routines bureaucratiques et l’incurie en matière militaire et économique des représentants élus des peuples.
A cela s’ajoutent les peurs et ignorances du public, celles qui immanquablement conduisent à la défaite, même face à des adversaires militairement inférieurs.
Clausewitz disait, je crois, « La guerre est d’abord un exercice intellectuel ».
Ne laissons pas se développer dans nos opinions publiques un crétinisme froussard.
En tout cas, n’en déplaise aux capitulards de tout poil, la politique internationale se rapproche chaque jour de la guerre à grande échelle. Plus la réflexion stratégique sera articulée, transparente et décisive, plus on peut espérer protéger nos populations et nos démocraties.
SI VIS PACEM PARA BELLUM
PIERRE BROUSSE